RENTRÉE DES CLASSES 2007-2008
Une école à deux vitesses
AVEC plus de 90 % d'enfants ayant accès à l'école, le Gabon figure parmi les pays d'Afrique au sud du Sahara dont le taux de scolarisation est parmi les plus élevés. Pourcentage au demeurant éloquent, mais qui, au regard du taux d'échecs (50 % en première année du primaire, 30 % en seconde année auxquels il faut adjoindre les exclusions et les abandons enregistrés en cours de scolarité au point que 25 % d'une classe d'à e n'achèvent pas le cycle primaire apparaît fort peu flatteur.
Plusieurs facteurs expliqueraient le phénomène: multiplication des établissements bidons, enseignements au rabais; effectifs pléthoriques dans les salles de classes faute de structures d'accueil, etc. C'est du reste l'absence de structures d'accueil qui a amené le nouveau ministre de l'Education nationale à orienter une bonne partie des élèves ayant obtenu le concours d'entrée en 6e vers des structures privées à l'évidence "inadaptées" et peu performantes pour la plupart.
On peut évidemment comprendre que la situation de crise observée au niveau des établissements d'accueil ait conduit les autorités du ministère à prendre une décision à la hussarde, mais force est de reconnaître que celle-ci forte en elle des germes de discrimination, en dépit du fait que Michel Menga annonce des mesures d'accompagnement. On doute fort en tout cas que les élèves admis dans ces établissements douteux (qualité des structures et des enseignements) reçoivent la même éducation que leurs petits camarades du secteur public. Bien que là aussi, il y ait beaucoup à redire.
De fait, la nécessité d'agir pour répondre à des besoins immédiats ne doit pas pénaliser une catégorie d'élèves au point de faire d'eux des laissé-pour-compte. D'autant plus qu'une solution était envisageable celle de construire au moins les quatre CES promis depuis 2006, avec les 2 milliards qui vont être consacrés cette année à la scolarisation des élèves de 6e dont on parle. Cet argent aurait servi à la fois à résorber le trop plein des effectifs dans les établissements existant et à accueillir les nouveaux élèves. Au lieu de cela, c'est une solution qui soulève manifestement la désapprobation du plus grand nombre.
A l'évidence, l'école au Gabon est à plusieurs vitesses. Puisqu'elle est compartimentée en école es riches (avec leurs établissements privés très performants quand ils n'envoient pas leurs enfants à l'étranger), l'école des pauvres (constituée de lycées et collèges publics, confessionnels et auxquels on vient d'ajouter le privé au rabais) et enfin l'école rurale (lire par ailleurs dans le dossier) dont on parle peu, mais qui, beaucoup plus que les autres est véritablement laissée-pour-compte.
Ceux qui jusque-là avaient pensé sans réserve que l'école ou du moins la scolarisation était un bienfait pour l'individu et la nation doivent réviser leur jugement. Fréquenter l'école n'est plus forcément y recevoir une éducation de qualité si l'on se réfère à l'école que nous propose aujourd'hui Michel Menga.
Pour relever les défis a venir, le gouvernement se doit de viabiliser, pour ne pas dire repenser, le système éducatif pour une scolarisation efficace et adéquate à travers une formation des formateurs impeccablement assurée, un contrôle assidu de la qualité des enseignements dispensés dans les établissements tant public s due privés, des structures d'accueil qui répondent aux normes exigées en la matière. Cg n'est que de cette façon que l'égalité des chances à l'école sera garantie et que l'école sortira de la léthargie dans laquelle elle se trouve plongée actuellement.
Source : Journal L'Union Plus du 08/10/2007
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